John Bob
et ses personnages hauts en couleurs
Autodidacte, John Bob peint pour le pur plaisir de la création. Son style, qui vacille entre le street et le pop art, est un cocktail rafraîchissant d’inventivité, à l’image de ses personnages qui se nourrissent des couleurs éclatantes de son île d’adoption.
Nous avons rencontré un artiste qui sait condenser en un seul portrait bien des émotions. Sa série « Cafrines » est particulièrement frappante. « Impossible de passer à côté de la place importante de la Cafrine à La Réunion. Ces portraits sont comme des hommages et en illustrent chacune une facette ou une manière d’être. » Entourée par des abeilles et d’une gaufre ? C’est La Cafrine de miel bien entendu ! Un autre trait remarquable, le rôle de la couleur, souvent flashy, jamais terne dans ses réalisations.
On pense immédiatement aux arts urbains. Bonne pioche : c’est effectivement l’une des sources auxquelles puise John Bob, outre son attachement à notre île, devenu son nouveau chez-lui. « J’ai commencé à dessiner mes personnages quand je suis arrivé à La Réunion en 2010. Le fait de voir les artistes créer des fresques en pleine rue m’a fasciné et a été l’élément déclencheur.
Bien sûr que j’ai toujours aimé l’art mais, plus jeune, j’étais plus attiré par le sport ; je n’ai jamais fait d’école de dessin d’ailleurs. Et c’est de fil en aiguille que j’en suis venu à faire des séries de tableaux. J’avais commencé par illustrer des enveloppes pour quelqu’un qui tenait un fanzine et qui est depuis devenue une amie ; et j’ai fini par participer aux Rencontres Alternatives et à accepter des propositions de restaurateurs pour des expositions dans leurs établissements ! ».
Son premier personnage, il s’en rappelle même si ça fait un moment qu’il l’a cédée, était un petit métis qui ressemblait à son fils ; et pour lui créer des parents de circonstance, John Bob avait imaginé une Cafrine (déjà !) « qui avait le même physique que la chanteuse Nneka que j’aime beaucoup et pour me représenter, j’avais dessiné mon exact opposé : un grand blond, amateur de surf ! ». De l’humour et de la profondeur, c’est ce qui ressort des réalisations de l’artiste né à Alès et qui a fini par trouver un port d’attache après avoir voyagé de par le vaste monde au gré de ses missions en tant que personnel de santé.
Sur ses toiles, les personnages prennent place sur un support qui est travaillé en amont. Dans certaines séries, ils côtoient des coupures de presse, magazines ou anciens journaux, comme L’Illustration, l’hebdomadaire publié jusqu’en 1944, truffé de publicités d’époque et mine d’or pour des fonds vantant le mérite de produits qui ne se vendent plus depuis belle lurette pour un côté vintage. Un support travaillé à la bombe avant de pouvoir y dessiner, comme en surimpression, le portrait à l’aide de feutres de peinture. L’un des avantages de cette technique : pouvoir rattraper ou rectifier une couleur que l’on souhaite intensifier ou modifier par exemple.
Chaque portrait a ainsi une histoire propre à raconter, en plus de nous en mettre plein la vue par l’intensité qui s’en dégage, avec cette particularité que vous pourrez vérifier en comparant plusieurs personnages : ils se présentent toujours avec un petit œil et un gros œil, une sorte de signature pour John Bob, l’artiste qui nous fait voir le monde autrement.
Remerciements à la Villa Fleurié pour cette rencontre artistique
Page Facebook : J.E.974 Instagram : johnbob1977
Texte et photos : Corine Tellier / Carpe Diem Presse