Hugues Savalli, l’enfance de l’art
Des peintures où affleure la texture des rêves qu’il ne cesse de nourrir, la présence marquée des couleurs qui baignent son quotidien d’îlien, une technique remarquée par ses pairs, dont un certain Victor Vasarely… Plongez avec nous dans l’univers « Construct-Art » de Hugues Savalli. Captivant !
Une peinture de l’intériorité qui définit ses personnages par leur sensibilité, leurs actes et ce qu’ils dégagent, plutôt que par ce qu’ils montrent, leurs accessoires et leur apparence… Et sur la toile, les couleurs qui éclatent, retranscrivant une expérience aux accents oniriques, le tout bien servi par une maîtrise parfaite du dessin et de la peinture, digne des grands maîtres. C’est sûrement ce qu’a su déceler Victor Vasarely, l’expert de l’art optique et hypnotique, dans le travail de Hugues Savalli, au point de lui proposer d’accrocher dans une de ses expositions à Aix-en-Provence en 1978 cinq tableaux qui, de plus, s’arrachent par les visiteurs intrigués, dans l’heure.
« Je me suis mis à dessiner les mots bien avant que de les écrire, un papier quelques crayons de couleur, et c’était suffisant pour rejoindre le rêve. J’ai toujours eu l’impression de faire bien plus que de passer le temps lorsque je dessinais. »
“C’est la plupart du temps une interaction entre l’intention et la matière”
Une affinité si précoce pour l’art que le jeune Savalli confie qu’il lui arrivait de dessiner dans un coin de cahier ce qu’il ne savait pas écrire. Son instituteur en CM1, Monsieur Tisserant, bien inspiré, lui a enseigné le lien sacré qui existe entre les différentes formes d’expressions artistiques et lui donne déjà le goût de l’excellence en l’incitant à prendre exemple sur les plus grands comme lors de travaux pratiques en prenant comme point de départ des peintures comme la Chambre de Van Gogh à Arles, qui même dépouillées semblent résumer, paradoxalement, tout un monde. La leçon qu’il en retient : « Ce qui est important, ce n’est pas les personnages, c’est l’énergie qui s’en dégage ».
Adolescent, il croque des paysages d’après nature et des sites urbains dans un style très personnel, marqué par la richesse des couleurs et une rigueur de construction. Sa marque de fabrique, travailler patiemment, avec enthousiasme et une exigence technique de plus en plus perfectionnée.
Son flot artistique est un temps mis comme en suspens par ses occupations professionnelles : après avoir décroché son diplôme d’ingénieur en bâtiment, il s’envole pour La Réunion depuis laquelle il essaime pour accomplir de nombreuses missions dans l’hémisphère Sud, de Maurice à la Nouvelle-Zélande… avec comme point de référence, l’île qu’il adopte comme nouveau lieu de résidence et nouvelle source d’inspiration. Il n’a en effet pas délaissé la peinture, même si sa création fut un moment discrète. Il continue de développer les thèmes qui surgissent de ses rencontres, de ses rêves et de ses passions. Il complète ainsi une collection confidentielle jusqu’alors.
Il construit des contes où la vie se mêle à la magie des symboles et des mythes en puisant à la simple beauté des êtres qui l’entourent.
De magnifiques tableaux, dont certains offerts à ses amis, détenteurs peut-être sans trop en comprendre la portée alors, d’œuvres s’inscrivant dans une conception avant-gardiste du mouvement « néo-contemporain » de l’art qui renoue avec cette candeur de peindre comme un enfant qui maîtriserait les techniques des plus chevronnés.
« C’est la plupart du temps une interaction entre l’intention et la matière qui va causer l’apparition de ce qui n’existait pas auparavant, ni dans le monde ni dans la tête de l’artiste. Nous allons où nos mouvements nous emportent. L’inspiration résulte d’un projet qu’il nous appartient de faire advenir, c’est à nous de créer notre œuvre, car c’est elle qui va nous permettre d’exister », explique Hugues Savalli qui nous promet de réserver une exposition très prochainement dans l’île qui compte énormément dans son élan créatif.