Les Colporteurs

par Maisons Créoles

Les colporteurs, ces vendeurs ambulants qui sillonnent nos îles depuis leur fondation coloniale, ont rejoint avec force une iconographie un peu désuète des Antilles anciennes. Et pourtant, derrière le cliché, s’étend une construction culturelle toute en histoire. À travers temps, la pratique, transmise entre groupes parfaitement hétéroclites, devient plus le marqueur d’une identité créole partagée que celui d’un collectif spécialement reconnaissable.

Une histoire vieille comme la colonie

Les premiers colporteurs sont souvent des marchands blancs, anciens engagés ou petits promoteurs, qui prennent en main l’avitaillement en articles du quotidien. Naturellement, dans un temps primaire de la colonie, les produits usuels se font rares : pour les diffuser sur des terres largement rurales et encore sauvages, les premiers marcheurs, rapidement remplacés par des esclaves, se lancent à l’assaut des mornes et rejoignent, à mesure, les différentes habitations parsemées çà et là.  

Tissus, bijoux, balais, torchons, verreries, ustensiles de cuisine… tout se vend et se transporte, suivant l’iconique représentation populaire, à épaule d’homme. Plus tard, les pots à lait où tasses en fer blanc, le coton, les dentelles sont également de la partie, quand parfois même se glissent quelques livres de denrées. Évolutif, cet approvisionnement fait souvent la richesse rapide de ses protagonistes. À tel point que fin XVIIIe, le pouvoir royal finit par en interdire la pratique hors des bourgs et des marchés, pour mieux en contrôler les flux et limiter les dérives et autres larcins.

De communauté en communauté

Bien plus tard, ce sont des communautés bien différentes qui reprennent ce flambeau de la vente. De fait, à la moitié du XIXe siècle, ce sont les Italiens qui font prospérer le colportage à travers l’île. Cette tradition du « panier » est renouvelée, particulièrement à l’entre-deux-guerres, par la volonté farouche de nouveaux arrivants, les « Syro-libanais » tentés par l’aventure américaine. Dès lors, pour ces voyageurs d’Orient, s’organise rapidement l’activité, où le pécule accumulé sert à rembourser l’investissement familial du périple et, plus loin, à financer la sédentarisation. Objectif ultime : ouvrir en centre-ville des boutiques où se démultiplieront les maigres cargaisons de ces longs marcheurs. Le porte-à-porte, tel qui se pratiquait à l’arrivée, se révolutionne pour devenir une alpague depuis trottoir.

Les tournées, elles, continuent cependant jusque tard : au début de siècle, où l’on charge à dos d’homme ou de mulets la panoplie immense des objets à déverser dans l’arrière-pays, se substitue le virage des années 1950, quand commencent à ronfler les voitures lourdes de matelas de nouvel électro. Ce sera là le dernier baroud de ces marchands de chemins, désormais émérites commerçants en devanture.

Les porteurs de flambeau 

Si évidemment, l’on ne peut y lire un acte mémoriel et militant, la tradition ne semble pas se perdre, où des générations de communautés hétéroclites s’entichent de la vente. Et aujourd’hui, dans un monde du nomadisme sédentarisé, les pacotilleuses sont les nouveaux maîtres de la chaussée, où les stands montés d’une main coutumière se chargent des produits du moment. Carnaval, Noël, Nouvel An, toutes les raisons sont valables pour distribuer ses mannes et préserver, dans le fond, les habitudes historiques de la vente ambulante.

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