La Villa Repiquet, La Réunion lontan
Cette jolie demeure de la rue de Paris a repris vie sous l’impulsion de la nouvelle génération de la famille Repiquet. Artisane de cette renaissance au diapason de la modernité mais respectueuse des traditions, Sophie nous en fait la visite guidée.
Elle est enfin sortie de son long sommeil, cette grande bâtisse blanche de style néo-classique français. Issue de la quatrième génération des Repiquet, Sophie y a apporté son œil neuf mais avec cette volonté de faire apparaître la maison dans son aspect le plus originel possible, « afin d’offrir une immersion dans une Réunion lontan qui a de quoi rendre nostalgique : surtout l’époque de mes arrière-grands-parents, Adrien et Jeanne Lagourgue, qui l’ont acquise en 1928 ! ».
Et quelle émotion encore lorsque l’on s’engage dans l’allée conduisant à la maison qu’a fait construire Benjamin Bédier entre 1839 et 1844 ! À l’époque, la bâtisse comptait deux varangues qui ont été cloisonnées en 1860. La villa s’est vue agrandir d’une longue promenade soutenue par des colonnes cannelées en fonte supportées par des piédestaux, une belle entrée en matière si l’on y ajoute les vases Médicis d’époque posés à même le sol en marbre. « Cette galerie permet de relier la dépendance Nord et la dépendance Sud, nous explique Sophie. Au Nord, se trouvaient d’anciens appartements reconvertis un temps en bureaux pour Michel Debré, élu député de l’île de La Réunion de 1963 à 1988, un ami proche de la famille Repiquet. La partie Sud accueille des dépendances d’origine dont l’ancienne cuisine que la propriétaire actuelle souhaite garder en l’état.
L’habitation principale est une œuvre de maçonnerie ce qui la distingue de ses voisines de l’époque : « ces murs en galets de bord de mer d’une épaisseur de 60 cm, c’est du solide…et c’était très rare dans l’architecture réunionnaise, une exception pour la rue de Paris ! », nous explique Sophie Repiquet.
La villa a été inscrite à l’Inventaire supplémentaire des monuments historiques le 07 août 1990 (la façade et les extérieurs) et Sophie a commencé une rénovation globale qu’elle compte fragmenter dans les années à venir : premier chantier terminé, le rez-de-chaussée et la partie arrière. La remise en état du jardin à la créole est en cours : on s’y promène au milieu de plantes fleuries et médicinales, d’arbres fruitiers : combava, bilimbi, cerise côtelée, mouroungue, fruit à pain, évi, ravinstara, manguier, muscaenda, jasmin… à quelques mètres d’un guétali très particulier puisqu’il est sans toit.
Un lieu enchanteur qui se prête merveilleusement bien aux réceptions, comme l’a bien compris Sophie Repiquet qui y convie celles et ceux qui recherchent un cadre original pour tout événement… ou simplement le plaisir de découvrir un patrimoine culturel précieux !
La grand-mère de cœur de la Villa
Elle est un peu la mémoire vivante de la maison (et du Saint-Denis lontan), puisqu’elle y réside depuis 80 ans ! Aujourd’hui centenaire, Margot (le diminutif de Marguerite) n’avait pas encore 21 ans, quand elle s’est présentée à Solange Repiquet pour proposer ses services. Encore mineure, elle devra patienter… mais retente sa chance le jour même de sa majorité. Devant une telle persévérance, la maîtresse de maison est conquise : « Faites vos valises, vous êtes embauchée ! ».
Cette petite dame vit toujours dans la villa (dans la longère Est). « C’était la nénenne de mon père, Claude. Je la considère comme ma grand-mère de cœur », confie Sophie, admirative.
Toute une époque
« Ma grand-mère, Solange, était passionnée de photos : on lui doit ces clichés de la maison qui ont une grande valeur sentimentale et sont le témoin de notre histoire. Nous les avons imprimés et exposés aux endroits où ils avaient été pris », nous précise Sophie Repiquet.
Regards croisés
Les murs de la Villa Repiquet ont aussi fait place à certaines créations de l’artiste Lionel Lauret qui s’est inspiré de photos montrant la ville dionysienne d’avant et y a incrusté des touches de notre modernité.