Chaque début de saison cyclonique sonne le rappel des préparations face aux risques d’un éventuel phénomène quelle que soit son intensité. Cependant cette anticipation est également indispensable dans d’autres situations car les Antilles sont particulièrement exposées à d’autres risques naturels entre les séismes, les crues, les mouvements de terrain, la submersion marine, l’éruption du volcan de la soufrière ou de la Montagne Pelée.
Ces risques majeurs se présentent sous diverses formes que la population doit garder à l’esprit pour sa sécurité d’autant que certains peuvent subvenir sans aucun signe annonciateur à l’image d’un séisme tectonique. L’anticipation et l’implication restent les meilleurs facteurs de protection car une population informée est en mesure de se préparer en amont et de mieux réagir lorsque le danger se présente. À savoir : Le système de vigilance météorologique porte sur plusieurs phénomènes distincts : vents violents, fortes précipitations, fortes houles, orages et cyclones. Il permet à la population d’anticiper l’arrivée d’un risque en évitant de s’exposer au danger. Les informations Antilles-Guyane sont disponibles par région sur meteofrance.gp.
Le site www.gouvernement.fr/risques permet d’identifier et d’évaluer les risques de chaque région et rappelle comment s’y préparer. L’application cartographique Géorisques permet de connaître les risques de chaque commune et particulièrement ceux qui concernent votre habitation. La recherche s’effectue par l’adresse ou les coordonnées GPS. www.georisques.gouv.fr
Les quatre phénomènes naturels
L’EAU
Même si le risque semble moins présent dans nos esprits que l’éventualité d’un séisme ou d’un ouragan, les Antilles sont concernées par le risque tsunami. Il peut intervenir après un séisme, l’éruption d’un volcan sous-marin, un glissement de terrain sous-marin.
Chaque année, la sécurité civile de chaque île organise le CARIB WAVE, une simulation grandeur nature d’un séisme suivi d’un tsunami dans la Caraïbe. Cet exercice a pour but de faire connaître les procédures d’évacuation ainsi que les points situés en hauteur sur lesquels peut venir se réfugier la population. Les citoyens, les établissements scolaires peuvent y participer à s’inscrivant sur le site www.tsunamizone. org/francais/caribewave
La houle représente également un danger pour les habitations situées en bord de mer. Il faut savoir que ce type de risque peut se produire sans la présence d’une tempête tropicale ou d’un ouragan sur les Antilles. Une forte houle peut être provoquée par un puissant phénomène situé à des milliers de kilomètres dans l’Atlantique dont les vagues sont ressenties jusqu’à nos côtes. Des houlographes sont déployés sur les Antilles. Ils permettent de suivre l’état de la mer en mesurant la hauteur des vagues, leur direction et la houle avec des observations en temps réel retransmises par satellite. Les données recueillies permettent de prévoir à court terme les conditions météo et de préparer, si nécessaire, le déplacement de populations en cas de prévision de submersion marine. Cet équipement, semblable à une bouée, est installé en pleine mer. Il est essentiel qu’il fasse l’objet d’attentions particulières de la part de professionnels de la mer et des plaisanciers afin de ne pas l’endommager. L’inondation peut être due à la crue d’un cours d’eau ou à la saturation des sols en cas de pluies intenses. La surveillance de ce type de phénomène est assurée par Météo-France qui informe la population par des niveaux de vigilance graduée par des codes couleurs.
LE VENT
Les ouragans génèrent des vents violents et des rafales dévastatrices à l’image des récents phénomènes IRMA et MARIA qui ont marqué les esprits ; IRMA ayant frappé les îles de Saint-Martin et Saint-Barthélemy avec des vents violents de 300 km/h enregistrés à terre. Pour faire face à tels assauts, les bâtiments doivent être construits selon des normes précises qui prévoient des fondations profondes pour les maintenir solidement ancrées au sol. La solidité de la toiture est assurée par un système de contreventement et un mode de fixation précis. Le choix de matériaux de qualité est également essentiel. La vérification des éléments de fixation est fortement conseillée pour garantir la résistance du toit. Elle peut être exigée par votre assureur en cas de demande de dédommagement suite à des dégâts.
LA TERRE
Les séismes d’origine tectonique La surface de notre planète est constituée de plaques indépendantes. La plaque de la Caraïbe se déplace à la vitesse de 1,9 cm par an et entre ainsi en contact avec celles avoisinantes que sont les plaques océaniques et la nord-américaine. Les Petites Antilles sont situées à la limite de deux plaques tectoniques, celle de la Caraïbe à l’Est et de l’Amérique à l’Ouest. Les séismes de grande magnitude se produisent au large mais ils peuvent s’avérer très dangereux pour nos régions. Même s’ils sont très peu ressentis, les Antilles sont soumises à des séismes de diverses intensités enregistrées par les capteurs des stations sismologiques. Un séisme ne peut pas se prévoir et se produit sans aucun signe avant-coureur. Chaque habitant doit être conscient de ce risque et s’y préparer en amont car un tremblement de terre peut surprendre à tout moment, que vous soyez chez vous ou à l’extérieur. L’aménagement des espaces de vie doit être conçu de façon à éliminer les chutes d’objets et à permettre à ses occupants de se mettre à l’abri rapidement.
Les volcans
L’activité sismique d’un volcan constitue l’un des paramètres suivis par les observatoires de Martinique et de Guadeloupe car les séismes sont fréquents avant et pendant une éruption volcanique. Les deux volcans sont étudiés et surveillés car ils sont répertoriés dans la catégorie « actif de type explosif ». Si les communes vulnérables sont celles situées près des volcans, d’autres pourraient être concernées par les retombées de cendres selon la puissance de l’éruption. Pour rappel, la pluie de cendres générée par l’explosion partielle du dôme du volcan de Montserrat en 2010 avait affecté la Guadeloupe.
Les mouvements de terrain
Il peut faire suite, selon la nature du sol, à un séisme, une altération naturelle du sol, de fortes pluies ou à l’action de l’homme. Les glissements de terrain surviennent généralement dans les zones les plus escarpées. Il n’existe pas de système d’alerte pour de type de risque. Les autorités peuvent imposer des mesures d’évacuation en période de crise (alerte cyclone, fortes pluies ou après un séisme). Les mesures de prévention (stabilisation des remblais, mur de soutènement, vérification des talus …) peuvent limiter les phénomènes d’ampleur modérée. Si vous êtes face à ce danger, une seule consigne : fuir latéralement le plus rapidement possible.
LE FEU
Les périodes de sécheresse augmentent sensiblement le risque d’incendie. Plusieurs mesures préventives et de bon sens sont à respecter pour éviter les imprudences : ne pas brûler les végétaux, supprimer tous les combustibles, ne pas allumer un barbecue sans surveillance, ne pas jeter de mégots au sol ou dans les broussailles, ne pas utiliser d’engin pouvant provoquer un départ de feu. En cas de départ de feu, signalez- le aussitôt aux pompiers en composant le 18.
Se préparer
Prendre conscience des risques encourus et s’informer à ce sujet constitue un premier pas essentiel qui va vous permettre de vous équiper en conséquence et d’avoir le bon comportement au moment venu.
– Repérez l’emplacement du disjoncteur et l’arrivée du gaz afin de pouvoir les fermer en cas de séisme. Equipez-vous d’un extincteur (un matériel qui doit être vérifié périodiquement) et apprenez son fonctionnement à chaque membre de la famille.
– Renseignez-vous auprès de la mairie pour connaître la procédure prévue en cas de catastrophe, sur le Plan Particulier de Mise en sureté (PPMS) de l’école de votre enfant.
– Le Document d’Information Communal sur les Risques majeurs élaboré par chaque maire est à disposition des citoyens dans la mairie.
– Les sites de la préfecture ou du rectorat de votre département fournissent également des informations à ce sujet. Quelques sites complémentaires à consulter pour vous informer : www.planseisme.fr
Les informations utiles
Disposer des coordonnées téléphoniques des services d’urgence et de secours, de l’assurance, des voisins et membres de la famille. Renseignez-vous sur la liste des abris définis par votre commune en cas d’alerte cyclonique et de tsunamis (sites en hauteur) et sur les itinéraires d’évacuation. La radio reste un moyen de se tenir informé quelle que soit la situation.
Le kit de survie, un indispensable
Il doit rester accessible et doit contenir une trousse de secours, de l’eau et de la nourriture (des produits secs et conserves à renouveler régulièrement), une lampe de poche, une radio dotée de piles neuves, des articles d’hygiène, la copie des documents d’identité, des factures des objets de valeur pour l’assurance, de l’argent liquide, les documents personnels tels que le titre de propriété …
Se protéger
Se protéger inclut d’assurer son bien immobilier pour pouvoir faire face à d’éventuelles réparations voire une reconstruction si nécessaire. N’attendez pas le dernier moment et vérifiez que vous bénéficiez bien de la garantie catastrophes naturelles. À savoir : les compagnies refusent d’assurer un bien lorsqu’un phénomène cyclonique est annoncé. Le Plan de Prévention des Risques Naturels (PPRN) représente à un outil primordial pour réduire les dégâts causés par une catastrophe naturelle par la maîtrise de l’aménagement du territoire. Il a ainsi pour objectif de déterminer les risques d’un territoire, de définir les zones les plus exposées et de définir la gestion des constructions à venir ou existantes dans ces zones. L’état de ces risques compte parmi les diagnostics à fournir par le vendeur ou le bailleur d’un bien immobilier.
Le respect des normes de construction
Les règles de construction intègrent la prise en compte des phénomènes climatiques et géologiques. Leur application permet d’assurer une meilleure résistance mécanique du bâtiment et préserver la vie des occupants. Pour les habitations existantes
– Faites vérifier l’état des fixations de votre toiture en tôle
– Procédez à l’élagage des arbres à proximité immédiate de l’habitation
– Nettoyez les fossés situés sur votre propriété qui pourraient déborder en cas de pluies intenses
– Protégez les ouvertures de l’habitation en installant des volets roulants. Pour les grandes baies vitrées, les barres de sécurité sont recommandées.
– Choisissez des jalousies dans des matériaux résistants. Sécuriser une pièce avant un ouragan, une tempête En cas d’ouragan, choisissez une pièce sans fenêtre ou sans porte donnant sur l’extérieur pour entreposer votre kit de survie et vous réfugier en cas d’urgence.
Se protéger lors d’un séisme
A l’extérieur, éloignez-vous des fils électriques, des arbres et de tout ce qui peut s’effondrer (pont, corniche, toiture …). En voiture, arrêtez le moteur et ne descendez qu’à la fin des secousses. A l’intérieur, éloignez-vous des fenêtres. Placez-vous sous un meuble solide, un mur porteur … Il est recommandé de se doter d’un sifflet à garder toujours à portée de main afin de signaler votre présence en cas de destruction du bâtiment dans lequel vous vous trouvez, si vous êtes dans l’incapacité de sortir seul.
Les équipements pour rester autonome
Les panneaux solaires installés sur la toiture transforment l’énergie des rayons du soleil en électricité. Cette énergie peut être stockée dans des batteries et ainsi être utilisées quand vous le souhaitez. Vous trouverez également des kits solaires, plus accessibles financièrement et qui ne nécessitent aucun travaux. Il convient alors d’exposer le capteur à la lumière du jour régulièrement afin de pouvoir utiliser ce matériel quand nécessaire. Selon le type d’équipement, vous pourrez à minima bénéficier de lumière, voire brancher les appareils électriques essentiels pour les modèles plus puissants. Le groupe électrogène est une autre solution pour disposer d’une autonomie électrique le temps d’une coupure du réseau public. Il existe des modèles alimentés en essence, en gasoil ou encore solaires. Chacun de ses équipements est décliné en diverses puissances. À noter : les groupes thermiques doivent impérativement être placés à l’extérieur pour éviter le risque d’intoxication au monoxyde de carbone. Le chauffe-eau solaire est obligatoire dans les constructions de maisons individuelles. Au-delà des économies d’énergie qu’il génère, il réduit les émissions de gaz à effet de serre et permet de disposer d’eau chaude même par temps nuageux.
Disposer d’une citerne constitue un atout lors d’une catastrophe majeure qui risque de nous priver d’eau et d’électricité. Selon le type d’équipement, vous disposez d’une réserve d’eau potable ou d’eau de pluie. Dans le premier cas, l’eau du réseau public est stockée dans une citerne tampon qui se remplit au fur et à mesure que vous consommez l’eau. Attention alors à limiter votre consommation pour tenir jusqu’à la remise en état du réseau public. L’alternative de la citerne de récupération d’eau de pluie constitue un acte écologique qui peut s’avérer bien pratique également dans ce cas de figure. Certes l’eau n’est pas potable mais vous avez la possibilité d’alimenter les toilettes, la machine à laver, de faire du nettoyage si nécessaire sous réserve d’avoir équipé votre habitation d’un double-réseau. Lors du passage d’un ouragan, porteur de fortes pluies, vous êtes assurés de disposer d’eau. À savoir : l’installation d’une citerne enterrée requiert l’installation d’une pompe pour envoyer l’eau dans le réseau de l’habitation. Or cette dernière fonctionne à l’électricité ; il est donc impératif de se doter d’un équipement autonome en énergie pour disposer d’eau.
Certains de ces équipements, pour des raisons écologiques, offrent la possibilité de bénéficier d’une aide financière de la part d’EDF, d’un crédit d’impôt ou d’une aide de votre région. Renseignez-vous auprès de l’ADEME.
Texte : © Christine Morel