Fragments de Bâti – Les Logements sociaux de la Martinique

par Maisons Créoles

Au fil de l’ouvrage d’intégration de l’île à la tenture nationale, la question de l’habitat salubre s’est imposée à la Martinique. Métissé de ses particularités insulaires, de modes de vie et de réalités créoles, le logement social devient, suivant des programmes et générations, un fait éminemment structurant de l’île et de ses reliefs.

De l’habitat individuel aux constructions tunnels, tour d’horizon de l’urbain d’habitation à Madinina

La véritable préoccupation quant à la salubrité du logement à la Martinique s’engage dans la seconde partie du XIXe siècle, où les débuts d’un exode massif vers le centre se dessinent. Les premières expériences sont privées, mais prennent déjà la patine et les idéaux d’un logement social d’intérêt général, imaginé pour la vie décente des moins lotis. La cité Clarac, précurseur privé de ce que se fera le logement social. Le relogement des sinistrés de 1902, fait intervenir plus activement les municipalités qui installent différents villages de réfugiés pensés pour se pérenniser, comme en témoigne la concentration d’une communauté du Morne-Rouge dévasté sur les flancs de Tivoli.

Parmi les précurseurs d’importance, La Société Anonyme des logements et repas Bon Marché, est fondée dans les années 1920 par Hippolyte Ernoult. Sa vocation à la charité constitue alors l’une des premières initiatives de taille dans le domaine de l’habitat social, amplifié plus tard par les vastes programmes de l’OZANAM, qui réinvestit sa structure en 1954. Enfin, s’ensuit la fièvre de l’après-guerre qui exalte les migrations et propose l’explosion démographique comme nouvel enjeu de gestion de l’île.

Un témoin actif de l’évolution de l’île

Le logement social, c’est également le témoin des métamorphoses insulaires : les techniques et matériaux y trouvent un inépuisable champ d’expérimentation, du mythique fibro-ciment à la méthode CASAD. C’est aussi le point d’orgue de la construction en béton, qui s’épanouit dès les années 1920. Exit l’altérable du bois-caisse et de la tôle, vive le béton-armée et l’ascension sociale. D’ailleurs, la demande s’avère pressante, avec une population qui double en deux décennies. Parmi les utopistes engagés, des Desbordes, Caillat, De Lavigne Sainte-Suzanne naissent les prochaines cités flambeaux du centre de la Martinique. Sur le plan étatique, la SIAG, Société Immobilière des Antilles- Guyane, devient la promotrice infatigable des logements sociaux publics. De vicissitudes en évolutions historiques, elle mute vers la SIMAR, de laquelle émanera également la SMHLM, bailleurs majeurs de l’actuel marché-. Aux Terres-Sainville, c’est le maire Victor Sévère qui ébroue son administration dès le début du siècle et impose de codifier le quartier, finalement formé en 1925. Pour Aimé Césaire, le chantier majeur reste Trenelle et ses extensions.

Le bâti du quotidien

Sur les grands ensembles de la capitale, les noms résonnent quasi systématiquement des patronymes des anciens maitres du foncier, du comte de Dillon aux terres de Sainville, sur des programmes chaque fois spécifiques.

A Floréal, ce sera la municipalité qui s’échinera et pensera le nouveau quartier. Il constitue le premier grand-ensemble de l’île, songé pour relier Godissard et Saint-Briant. Ensemble mythique, la cité Dillon, dont le plan massif s’étire sur presque 350 hectares, devient le symbole de la révolution métropolitaine du logement. Sur les coteaux de la Batelière, c’est le fleuron de la futur OZANAM qui s’érige : en 1973, sont livrées des structures le corbusiennes développées autour de longs axes consacrés aux jardins. Dans un parc fort de 25000 logements, tout est à continuer de penser, pour ne guère se perdre dans la ghettoïsation et l’isolement social. Une politique que la SMHLM a su mettre en place depuis des années. Engagée à la construction de résidences adaptées de tailles raisonnables où la qualité de vie et l’environnement sont pris en compte.Quelle soit retraitée, jeune, handicapée, mono parentale, chacune peut désormais avoir accès au standing et prétendre, comme tout un chacun, à un meilleur demain.

Texte : Corinne Daunar
Crédit photos : SMHLM – Corinne Daunar – Le logement social à la Martinique/ 100 ans d’histoire chroniques

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