En 1848, le gouvernement de Nouvelle Grenade, actuelle Colombie, autorise l’Américain Aspinwall à établir la Panamá Rail Road, à travers l’Isthme de Panamá.
FERDINAND DE LESSEPS
Ayant créée en 1858, la Compagnie Universelle du Canal Maritime de Suez, il postule dix ans plus tard pour le projet d’un canal perçant l’Isthme de Panamá entre Océans Pacifique et Atlantique, évitant aux navires les passages du Cap Horn et de Drake.
Le 20 octobre 1880, il crée une société qui collecte les fonds de la future Compagnie Universelle du Canal Interocéanique de Panamá et le rachat de la Panamá Rail Road, estimé à 93 millions de francs. La Compagnie au capital de 300 millions achète le Grand Hôtel de Panamá et en fait son siège.
Ferdinande sa fille, donne le premier coup de pioche. Le 26 mars 1881, arrivent sur le chantier, des Espagnols, des Chinois, des Français dont 14 000 Guadeloupéens et Martiniquais, 9000 Jamaïcains, des Barbadiens, Saint Luciens, Trinidadiens et Cubains. Les conditions de travail sont rudes: glissements de terrains, accidents, morsures de serpents, maladies et règlements de comptes.
Le Cerro Ancon : Sur une colline on bâtit la maison de l’Ingénieur en Chef, une ferme, une école, un hôpital. En 1882, un séisme stoppe le chantier où 800 Français travailleront en 1883. En 1887, de Lesseps adopte un projet aux dix écluses, conçues par Eiffel.
Des peintres terrassiers : En avril, Paul Gauguin et Charles Laval pensant s’enrichir, partent pour les chantiers. Gauguin écrit « nous creusons de 5h30 du matin à 6 h du soir sous un soleil tropical et la pluie… La nuit les moustiques me dévorent », il attrape la malaria. Ils décident dès qu’ils le pourront d’aller en Martinique, ce qu’ils font en juin 1887.
Le 4 février 1889, éclate un scandale, impliquant hommes politiques et industriels Français. La Compagnie liquidée ruine 85000 souscripteurs. En 1894, une autre compagnie Française, créée par le Liquidateur Judiciaire, prend le relais.
Les Etats Unis : Ils obtiennent le 18 novembre 1903, grâce au traité de Hay-Bunau-Varilla, le contrôle et l’exploitation du Canal. Le colonel Goethals, ingénieur en chef du Corps des Ingénieurs de l’armée des Etats Unis, conçoit un nouveau projet aux écluses de Gatún, Pedro Miguel, Miraflorès et la création du lac artificiel Gatún.
La Compagnie Américaine du Canal : Elle recrute les ouvriers, s’occupe de leur transport, leur garantit salaire, couvert et logement, dans des villages en bois importés des Etats Unis s’échelonnant le long du Canal. En 1907, plus de 4000 Guadeloupéens et Martiniquais y émigrent.
Inauguration : L e 15 août 1914, le Président Panaméen Belisario Porras accompagné d’officiels Américains, inaugure le Canal à bord du navire Ancon.
Entraide Antillaise : En 1917, des Guadeloupéens et des Martiniquais créent au Panamá une société de secours mutuel : La Fraternité. L’émigration Antillaise continue jusqu’en 1920 avec les regroupements familiaux. Le Panamá reste sous protectorat Américain jusqu’en 1939, le Canal long de 77 kilomètres, haut de 25 mètres lui est rétrocédé le 31 décembre 1999.
On estime à 27500, le nombre d’ouvriers qui périrent pour ce projet. Des cimetières Français témoignent de ce passé de labeur. A Panamá, à Culebra, où sont creusées plus de huit cent sépultures, à Paraíso, où une stèle gravée 1880/1889, s’orne des drapeaux Français et Panaméen. Des Guadeloupéens et des Martiniquais reposent parmi les six cent tombes aux croix portant un numéro se référant à des noms couchés dans des registres archivés à Washington. Des familles Antillaises firent souche au Panamá, où de Lesseps est encore désigné comme « Le Grand Français ».
Texte & Photos : Angel St Benoit