Agi,
et ses femmes version pop !
Ses portraits au graphisme marqué nous offrent un œil neuf et rafraîchissant sur les femmes qui font la beauté de La Réunion. Rencontre avec Agi, nouvelle artiste qui enrichit le catalogue d’Opus Galerie d’une signature très originale.
Tous ces visages enjoués semblent nous interpeller, exposés ainsi sur la toile avec ce style qui éclate en couleurs, à mi-chemin entre l’art figuratif et le graphisme et qui nous révèle des fragments de La Réunion comme on ne l’avait jamais vue auparavant…
Et pourtant, il n’y a pas si longtemps qu’Agi, de son vrai nom Alexandra Xavier-Gillet, a posé ses valises dans notre île.
Elle qui a connu bien des horizons : Paris, la Bretagne, mais aussi l’Algérie, l’Egypte, ou encore le Brésil… s’y sent vraiment à l’aise au point d’envisager un séjour prolongé. En l’espace d’un an à peine, l’artiste a su capter à la fois la luminosité qui baigne nos paysages mais aussi la consistance qui fondent nos relations sociales.
« J’ai pris le soin d’aller à la rencontre des femmes que j’ai croisées : des figures connues (comme la chanteuse de maloya Christine Salem) ou des inconnues. Je me suis imprégnée de leur ressenti, de leur univers, et c’est beaucoup d’elles, de leur vécu, qui s’exprime. »
Dans sa série de portraits, Bourbon Vibes, l’artiste dévoile les multiples facettes de La Réunion qui nous rappellent notre diversité culturelle. Le spectateur ne peut s’empêcher de sourire quand il croise le visage de sa « Saint-Gilloise », saisissante de réalisme. Et cette « Malbarbapapa », une Malbaraise aux airs de madone qui a l’air tout droit sortie d’une fête foraine, un brin décalée mais tout à fait dans le bon tempo !
« Maman du Ciel », de son côté, semble incarner à elle seule tous ces élans de spiritualité qui animent La Réunion, terre de nombreuses confessions et où une Vierge noire est loin d’être une hérésie, surtout lorsqu’elle est coiffée de cette auréole qui impose le respect.
La nature l’inspire également et elle rêve de peindre davantage cette flore et cette faune qu’elle apprécie au gré de ses nombreuses escapades. Des oiseaux emblématiques comme le paille-en-queue ou encore le rougeoyant cardinal qui s’incruste en invité surprise dans une conversation entre deux amies.
Mais d’où vient ce style si particulier ? « C’est un concours de plusieurs circonstances, dont ma venue à La Réunion : mon style a pris un tournant résolument graphique depuis que je suis ici. » Arrivée un 1er septembre, Alexandra se met à peindre dès le lendemain… alors qu’elle avait mis entre parenthèses sa vie d’artiste se consacrant pleinement à ses cinq enfants. Le dessin, elle le pratique depuis toute petite. Si aujourd’hui, Agi privilégie l’acrylique sur toile et occasionnellement sur bois, enfant et adolescente, elle utilisait volontiers le crayon et le fusain.
Née à Paris et ayant grandi en Bretagne, elle a suivi les cours des Beaux-Arts de Lorient, ceux de l’école des arts appliqués Pivaut de Nantes.
C’est au cours de son premier séjour en dehors de l’Hexagone, qu’elle se lance véritablement et peint les femmes d’Alger, avant ses portraits du Fayoum (en Egypte). Des envolées toujours aussi colorées mais dans une version moins graphique. Ce qui caractérise son travail actuel : des couleurs plus franches, sous formes d’à-plats « là où avant je travaillais les fonds de manière plus diffuse… Je découvre de nouvelles facettes, j’explore, je m’amuse ! ».
Agi est décidément dans son élément à La Réunion !
Texte et photos : Corine Tellier