La trentaine éclatante, charmante, Karine Taïlamé est titulaire du Diplôme National supérieur d’Expression Plastique. Son credo ? L’art contemporain. Son livre de chevet ? « La petite voix » d’Eillen Caddy, dans lequel elle puise paix, réconfort et créativité. Sa vocation rendre plus belle la vie de ceux qui ont la chance de croiser son chemin.
C’est donc tout naturellement autour d’une tasse de thé « Sérénité » que s’enroule notre conversation. Accoudée sur une table maculée de taches colorées, Karine Taïlamé ouvre les portes de son atelier.
KARINE « IN-SITU »
La jeune plasticienne Schoelcheroise a l’art dans la peau dès la tendre enfance. Entre quitter la douceur des îles et fouler les parvis des Beaux-Art de Paris pour en faire un métier il y a l’espace de la mer… et parfois même celui du père ! Elle se souvient et illumine son visage d’un doux sourire : « Il savait que c’était très risqué, mais il m’a donné toute sa confiance et a choisi de m’épauler ».
Après avoir empoché son diplôme, elle revient au pays et initie les enfants aux arts plastiques. Puis un jour, c’est décidé, elle délaisse l’enseignement afin de s’adonner librement à sa passion. Si vivre de son talent est un combat quotidien, Karine est fière d’avoir relevé ce défi. Et puisque l’avenir sourit aux esprits préparés, elle enchaine les expositions, les résidences d’artistes, s’impose dans des lieux improbables.
On la retrouve sur le pont d’un cargo- bananier au beau milieu de l’Atlantique du bleu dans les cheveux, une autre fois elle manie les pinceaux au milieu des vrombissements de grosses cylindrées, ou encore aux côtés des ouvriers dans l’atelier d’un certain Mazarin. Décidément Karine n’a pas son pareil pour créer du lien entre l’Homme, le pigment et l’endroit. « Pour moi, l’art a ce quelque chose d’unique pour se mêler et s’intégrer dans n’importe quel milieu », nous précise-t-elle, et de travailler « in-situ », loin de me contraindre, me donne des ailes. ».
Adepte du street-art, elle n’hésite pas à se saisir des places les plus insolites. Sur un rond-point elle ose une twingo rose, elle redonne vie aux murs des quartiers. « La couleur est une belle manière de laisser exploser la gaieté, elle est source de bonheur ». Et elle en use tous azimuts, sur ses toiles, ses formats papiers (ce qu’elle préfère), installe un jardin créole composé de peintures organisées dans lequel il fait bon flâner, revisite une ville fantaisie où les parapluies dansent avec des gouttes géantes, où les buildings flirtent avec des fleurs.
En permanence à la recherche du beau, le monde de Karine se veut joyeux, car, n’en déplaise à la critique, elle est une artiste délibérément heureuse, c’est « sa petite voix » qui nous l’a dit !
Texte : Corinne Daunar
Photos : © Karine Taïlamé
Bio express : 2013 : « De la Résonance du Cri Littéraire dans les Arts Visuels ». Biennale Internationale d’Art Contemporain de Martinique, 2012 : Résidence d’artiste sur l’eau. Traversée de l’Atlantique en cargo-bananier.
2011 : « Ma ville fantaisie » Centre Culturel du Ministère des Finances à Bercy 2010 : Triennale internationale d’art contemporain de la Caraïbe, à Saint Domingue au Museo del Arte Contemporaneo.
2009 : « fragments de Paysages » à la galerie Arsenec, à l’Atrium, Centre départemental culturel de la Martinique.