Des maisons plus en phase avec l’environnement
Limiter l’empreinte écologique de nos habitations, une nécessité brûlante. Voyons de plus près les matériaux qui nous montrent la voie vers des maisons moins énergivores et en phase avec l’environnement, avec notamment le bois, plébiscité en auto-construction, ce qui valait bien un zoom.
On a tendance à l’oublier (plus précisément trop de constructions au cahier des charges peu scrupuleux nous ont habitués trop longtemps à les faire passer au second plan), mais le bâti a su depuis toujours s’intégrer dans son environnement. A l’heure de la raréfaction des ressources, cette évidence s’impose comme un signal d’alarme.
Encouragée par les nouvelles réglementations encadrant les constructions et rénovations, mais aussi porté par l’élan d’un esprit plus écologique, l’habitat du XXIème siècle a plus que jamais besoin d’être en bonne intelligence avec l’environnement. Vous vous êtes peut-être déjà demandé ce que pouvait représenter l’impact d’une simple maison sur la santé de la planète. Essayez d’estimer ce que représente le « poids climatique » des divers éléments d’une construction : le béton des fondations, le bois des charpentes, les parpaings, les cloisons des murs, le verre des fenêtres, la tôle de la toiture…
Pour être tout à fait exhaustif, il faudrait considérer l’ensemble du cycle de vie des matériaux de construction : de l’extraction de la matière première à l’éventuelle fin de vie ou recyclage, en passant par la durée où la maison sera occupée.
Des bâtiments encore plus éco-vertueuxx
Prévue pour une application à partir de cette année, la nouvelle Réglementation Environnementale (RE 2020) nous donne toutefois quelques pistes intéressantes pour avoir une idée de ce à quoi pourraient ressembler les bâtiments encore plus éco vertueux de demain y compris dans nos îles. La prochaine génération de villas devra ainsi limiter ses émissions de gaz à effet de serre tout au long de son cycle de vie. Conception, construction, démolition, recyclage, tout sera pris en compte pour arriver à un résultat indispensable : décarboner ce type d’habitat. Les recommandations de la RE 2020 rejoignent les réflexions soulevées par le Livre Bleu Outre-Mer qui contient l’ensemble des travaux réalisés au cours des dernières Assises des Outre-mer et qui préconise de faciliter l’usage de matériaux locaux et « bio-sourcés » dans les DOM.
Les entrepreneurs de nos îles sont déjà sensibilisés à cette problématique et proposent depuis quelques années des alternatives qui tendent vers une utilisation plus raisonnée pour l’environnement des matériaux de construction, à commencer par ceux employés pour le gros œuvre. Citons le cas du béton qui a ces dernières années été repensé pour développer des propriétés appréciables pour l’environnement : il se présente ainsi souvent sous cette forme améliorée (et plus à l’écoute des revendications environnementales) qui intègre au sein des structures porteuses une isolation thermique et phonique. Des blocs coffrants isolants à base de polystyrène ou encore de bois-ciment (du béton armé allié à du bois minéral) qui par leur poids réduit et leur facilité d’assemblage servent aussi bien pour les murs, les planchers et parfois le toit.
Une autre tendance qui va dans le sens d’une empreinte carbone mieux maîtrisée : les structures à ossature métallique qui gagnent du terrain dans nos îles. Le matériau qui supporte la maison, l’acier, est léger et recyclable. Par ailleurs, sa fabrication hors site (et en local, pour un circuit court) limite les dépenses liées d’ordinaire à la construction sur chantier : on économise ainsi de l’eau et on limite également les émissions de poussière, une pollution à laquelle on ne pense pas de prime abord mais qui participe à la dégradation de la qualité de l’air.
Quant aux matériaux dits bio-sourcés à proprement parler, c’est un peu un retour aux sources justement qui est en train de s’opérer dans notre territoire. Un moment tombées dans l’oubli, les techniques de construction d’antan reviennent au goût du jour. On redécouvre les qualités de matériaux comme le bambou, le vétiver, le bardeau de tamarin pour l’isolation et le renfort des toitures ou encore le bardage des façades. Autre matériau éco-friendly jamais démodé, le bois, très apprécié notamment en auto-construction.
Environnement protégé, mon auto-construction en bois
Vous avez envie de superviser de bout en bout les travaux de votre future maison ? L’auto-construction est peut-être la configuration qui vous convient, à condition bien entendu que vous acceptiez de cumuler les deux casquettes : celles de maître d’ouvrage (ce que vous êtes de fait quand vous vous lancez dans un projet de construction) mais aussi de maître d’œuvre (la personne aux commandes de l’exécution du chantier). Outre les questions relatives à la logistique et à la gestion des ouvriers, une interrogation se pose d’emblée : quel matériau privilégier pour faire sortir de terre votre projet immobilier. Zoom sur le bois, une option qui se prête bien à l’auto-construction tout en limitant l’empreinte écologique de la future maison.
La bonne réputation du bois tient à sa qualité, ou devrait-on préciser à ses multiples propriétés. Il s’agit d’un matériau renouvelable, issu d’une ressource naturelle gérée de façon soutenable, et orienté dans une logique d’économie circulaire. C’est ce que souligne d’ailleurs le gouvernement qui a lancé un appel à manifestation d’intérêt pour le développement de produits bois et de systèmes constructifs bois innovants, en avril dernier, impliquant les trois ministères de l’Agriculture, de la Transition écologique et de l’Economie.
On sait que la très grande majorité des bois utilisés en France en construction proviennent de forêts françaises et européennes (plus de 90%). Si la filière bois est plébiscitée, c’est aussi parce que les décideurs comptent beaucoup sur lui pour décarboner nos industries : construire en bois est un moyen d’atténuer le changement climatique. Le bois piège et stocke le carbone capté dans l’atmosphère par la photosynthèse et séquestré lors de la croissance de l’arbre, un carbone qui reste stocké dans le matériau pour toute la durée de vie du produit bois ; selon les produits (charpente ou menuiserie), ces durées de vie peuvent aller de quelques décennies à plus d’un siècle.
Un matériau propre sur lui, c’est bien beau mais est-ce que cela va faire tenir debout mon projet, pourra se demander l’auto-constructeur. Qu’il se rassure, le bois est également performant et présente des avantages stratégiques en termes d’architecture. Il a aussi une excellente tenue au feu, se consume lentement et garde ses propriétés mécaniques très longtemps.
Le bois, c’est encore la performance pour l’environnement. Avec une très bonne isolation thermique et très faible empreinte carbone sur le cycle de vie, la construction en bois, à l’instar de son homologue en version ossature métallique, permet un chantier propre et rapide. Une filière sèche, qui ne génère pas de consommation d’eau, sobre et qui cause peu de nuisance pour l’environnement urbain.
Cela signifie moins de déchets générés (par ailleurs, ceux que l’on doit toutefois concéder seront facilement valorisables), moins de rotations de camions, moins de poussières, et moins de bruit.
Quel type de bois utiliser ? Les fournisseurs locaux proposent différents types de bois adaptés à notre climat et capables d’affronter les avaries du temps. Parmi les essences que l’on trouve chez les quincailleries et magasins spécialisés : des bois exotiques, ou encore des résineux comme le pin sylvestre. Ils sont issus de forêts gérées de façon responsable et traités contre les divers types d’agression.
Chantier propre, légèreté et rapidité de construction donc, mais aussi modularité et personnalisation. Le bois se prête particulièrement bien aux constructions modulables et adaptables (un point appréciable pour ceux qui ont en tête des travaux d’extension ou de surélévation de leur habitat, comme l’ont certainement relevé nos fidèles lecteurs dans le numéro précédent du magazine), car les bâtiments en bois sont relativement aisés à rénover et à démonter. Comme pour les autres constructions, il vous faudra passer par les étapes de terrassement, VRD (voirie et réseaux divers) et de maçonnerie afin de réaliser le vide sanitaire sur lequel va reposer votre maison bois.
Texte et photos : Corine Tellier