Entre 600 et 1500 après Jésus-Christ, des Amérindiens vivent sur cet archipel corallien d’environ 148 hectares, situé au sud-ouest de la Désirade à onze kilomètres de la Pointe-des-Châteaux. En 1770, le Sieur Séaux, possède une Habitation sur l’îlet de Terre-de-Bas, des cases d’esclaves qui y cultivent pieds de coton, pois doux, légumineuses, ainsi que quelques cabris.
SON HISTOIRE
Elle est liée à la famille Thionville, dont Louis-Adrien est le premier à fouler le sol Antillais. Né à Paris en 1784, il exerce à Pointe-à-Pitre les fonctions de Commissaire de Police. Son fils Adrien, notaire à la Désirade de 1817 à 1823, puis à Pointe-à-Pitre de 1824 à 1834 et de nouveau à la Désirade de 1850 à 1856, devient en 1826, propriétaire des deux îlets, séparés par un chenal large de 150 mètres reliant Terre-de-Haut à Terre-de-Bas.
Sur Terre-de-Bas, on fait encore pousser des cultures vivrières, du bois de gaïac, au cœur de parcelles délimitées par des murets de pierres sèches. Adrien est chargé de protéger le passage des navires aux abords de l’îlet, des dangers représentés par les hauts fonds et les récifs coralliens. Chaque soir, il fait allumer sur le rivage de grands boucans, ce qui le conduit en 1828 à demander à l’administration coloniale l’édification d’un phare sur la côte est.
Une pétition de Capitaines de la marine marchande adressée au département de la Marine en 1833, appuie cette demande et le 24 mars 1834, le Conseil Colonial de la Guadeloupe accepte le projet. Le 19 mai 1835, un crédit de 53.958 francs est ouvert à l’administration par décret colonial et un marché est passé avec le maitre ouvrier Pierre Texier. Un paratonnerre sur l’édifice et le forage d’un puits sont également prévus.
OUVERTURE DU CHANTIER
Le 2 mai 1838, Adrien donne à la Colonie une parcelle de 50 ares où doit être érigé le phare. Les travaux, supervisés par le service des Ponts et Chaussées s’échelonnent sur trois ans. On fait acheminer des pierres calcaires depuis le continent, afin d’édifier la tour circulaire et à la base, le bâtiment du phare qui abritera les magasins et le logement du gardien. Haute de vingt mètres, la tour culmine à 35 mètres au dessus de l’océan. Les travaux s’achèvent en novembre 1839.
L’INAUGURATION DU « PHARE DU BOUT DU MONDE »
Le phare, mis en service le 9 Juillet 1840 est pourvu d’une lanterne visible jusqu’à 15 miles nautiques, fabriquée à Paris sous la direction de la surveillance de la commission des phares, elle a coûté 13800 francs et a été transportée démontée, dans des caisses à bord du navire « René ».
La colonie prévoit de se rembourser sur 10 ans, au travers d’un droit de phare de 20 centimes par tonneau demandé aux navires entrants battant pavillon français ou étranger. En 1858, vingt huit personnes vivent encore sur l’îlet.
En 1934, un brûleur circulaire alimenté au pétrole remplace la lanterne. En 1942, sept familles habitent le site, où elles vivent de cultures et de pêche. En 1972, le phare est automatisé et le dernier gardien, nostalgique en referme la porte.
Le 28 mars 2002, le plus ancien des phares de la Guadeloupe, son enclos, sa citerne et ses appentis dont la cuisine, sont inscrits aux Monuments Historiques. Le site, classé réserve naturelle terrestre et marine en 1998 est géré par l’ONF.
Boucans : Feux
Texte : Angel St Benoit
Photos : Simax Communication