Ancien modèle, cette artiste peintre autodidacte a choisi d’exprimer ses émotions sur de grandes toiles. Son audace créative et les différents outils qu’elle utilise, dont certains sont détourés de leur usage courant, sont le reflet d’un talent audacieux et très créatif.
LA COULEUR DES SENTIMENTS
Elle couche sur les toiles ses émotions, laisse éclater ses sentiments dans une explosion de formes et de couleurs. Autodidacte décomplexée, SNEY travaille d’arrache-pied, expose, n’a rien à prouver et n’a cependant pas fini d’étonner.
« Si sa voix en a déjà ensorcelé plus d’un, son pinceau, virtuose, reste fort méconnu ». Et pourtant ! L’exposition au Club de Dillon puis celle de KARAT à Madiana montre comme cette artiste en herbe, ne manque ni de tempérament et moins encore d’audace créative.
Mais comment cette jeune femme semblant sortir d’un magazine de mode et que rien ne prédestinait à la peinture s’est-elle improvisée plasticienne ? « Au détour d’un chemin, des caprices de l’existence — Avoue-t-elle avec son sourire désarmant — ma révélation est née d’engagements d’ailleurs, de joies de nulle part et parfois même de chagrins… ». Tout commence par une souffrance, un tournant décisif de sa vie. Sur les conseils du Peintre Hector Charpentier pour lequel elle pose comme modèle, elle se lance dans l’aventure. N’était-il pas de meilleurs moyens pour exorciser le chagrin ?
Munie de ses pinceaux, sans base ni formation, prise par un besoin impérieux d’extérioriser ses ressentis, elle se jette à corps perdu sur des grands formats qu’elle préfère aux petits : « Je peux mieux dire les choses et j’aime que l’oeil puisse arpenter un large périmètre d’expression ». Très vite la peinture se transforme en exutoire. Dans cet un espace de liberté, elle lève le voile sur ses combats, les difficultés ou joies de notre brève existence et puise son inspiration dans ses propres expériences et son observation du monde. Un dialogue libre et débridé s’instaure alors entre l’envie et son expression.
La femme, qu’elle est avant tout, devient son objet central, dans toute sa dimension. Elle chemine de toile en toile sereine, ou en peine. « Poteau mitan, médiatrice, elle donne la vie, elle est le pilier de notre humanité, une superbe béquille sur laquelle on aime se poser, une fontaine de jouvence. » Souligne SNEY. Sa forme évolue, se devine ou s’humanise et s’accompagne d’un effet miroir.
Avec « Délicatesse Amoureuse, il est interdit de se taire, précise t’elle. On doit se rendre à l’évidence, car si aimer était aussi regarder ! Tandis qu’avec La pertinence retrouvée , nous dit-elle nous permettons à nos aspirations de participer à l’échafaudage de la bonté. Sur “Le duel du visage”, le don de sa personne et l’acceptation de l’autre donnent une parfaite alliance. Elle use de l’acrylique, de l’huile, de pinceaux, de fourchettes, pailles, spatules ou fouets de cuisine. Le matériau prend sa place. “J’aime l’utiliser, car je peux le dompter comme je veux. Il est docile et je l’invite à prendre naissance comme bon lui semble. Le sable, la ficelle, le raphia natté donnent une nouvelle dimension à mon espace créatif.” Mais ce sont surtout par ses pigments que le transfert des émotions s’opère.
Si ses tableaux ressemblent parfois à des “zones troublées”, ne vous y trompez pas, la lumière est bel et bien là. Le noir n’est jamais tout à fait noir, mais plutôt un gris céleste doux comme la nuit, le blanc offre sa pureté, le rouge flamboyant par petite touche subtile arrive au moment opportun et redonne force et vigueur. Le bleu enfin, est comme un trait d’union entre un ciel immaculé et une mer “sérénité”. SNEY ne rougit pas de ses faiblesses. Et si l’artiste ne voit pas la vie en rose pour autant, ses idées noires sont chassées à grands coups de pinceaux. Il ne nous reste plus qu’à lui souhaiter de poursuive sa quête et continuer de chanter son hymne aux sentiments envers et contre tout.
Texte & Photos : Corinne Daunar