La Martinique sauvage, le bivouac et le camping
Avec le retour des congés long, l’horizon de l’été anime les conversations et les spéculations autour du programme de réjouissances vont, naturellement, bon train. Et parmi les nombreuses options joyeuses il en est une qui, tranquillement, grave ses lettres de noblesse : celle du camping, du bivouac, des nuits sous les étoiles et des réveils les yeux dans le vert. Et pour ravir tout le monde, cela tombe bien, tout se passe comme aux dominos : il y en as pour tous, du bivouac tout confort au retour pur à la nature totale.
Le bivouac historique, passion familiale et précurseur de grande ferveur
Pour la genèse du camping sur l’île, tout commence au début de la démocratisation des grands chemins, quand les martiniquais commencent à s’équiper, conduire, et investir l’ensemble du territoire. A l’époque, pas question de ne s’occuper les lieux qu’une nuit ou deux : au terme d’une véritable épopée sur les routes traversant les bourgs, on s’installe pour profiter, dans la durée. Le campement, lui, fait l’objet d’une rigueur sainte : trouver la meilleure nuance entre ombre et ventilation, montage du chapiteau ou de la bâche, sortie du fauteuil de plage, des glacières et autres victuailles. Il faut pouvoir s’organiser, et tenir le siège pendant parfois 2 ou 3 semaines. Frigo au gaz, corvée d’eau, chasse au crabe et longues parties de cartes ou de dominos, installent l’horizon de ces nouveaux bivouacs. Tractées par ces premiers convois de particuliers conducteurs, les rares caravanes fièrement importées d’Europe. Les précurseurs du camping, dans les années 1970, ouvrent la voie à des pratiques de plus en plus partagés et, surtout, familiales.
La démocratisation des pratiques, les foules à l’assaut des côtes
Bientôt, la plage, la nature, l’île se gagnent plus facilement, le réseau routier, le parc automobile, le confort de vie gagnent le quotidien de l’île entière ! Et si le terroir regorge de secrets et de petits paradis, c’est bien sur la côte que nos campeurs choisissent, depuis des décennies, de planter leur drapeau. Pointe Faula, Cap Chevalier, les Salines, Anse Trabaud, les ilets parfois même…
A mesure, le camping devient tradition populaire et collective, notamment au détour de la Pâques. Là s’installent les grandes structures, barnums, grandes toiles, équipement festif et véritables cuisines équipées. Pour ce temps précieux du calendrier chrétien, les familles se donnent un rendez-vous unique, mélange de la tradition culinaire, des pratiques religieuses, de la joie de vivre et du plaisir de réunir cousins, parents et alliés. Les sites les plus prisés se parent, le temps d’un férié, d’un, patchwork de toiles bariolées et cris joyeux.
Le camping… différemment :
Aujourd’hui, au-delà du rassemblement familial, les options de camping ou de glamping se déclinent aussi à l’envie : de ces nouveaux modes de vivre la Martinique sauvage émergent des pratiques plus autonomes. Le bivouac ou camping dit « sauvage », hors installations et infrastructures, ramènent à l’essence de la pratique, à portée de sac à dos ! Attention cependant, à bien respecter la règlementation : certains espaces sont protégés, d’autres interdits. Bien sûr, le camping sur terrain privé est sujet à autorisation. Attention aussi à s’installer en sécurité et bien encadrer ses pratiques, notamment en termes de feu et de déchets !
Dans le domaine des pratiques plus encadrées, il est une institution que tout le monde connait, et qui a récemment fait peau neuve, afin de continuer d’accueillir les aventuriers d’un jour : le camping municipal de Sainte-Anne, posté au creux de sa plage et qui a épousseté ses emplacements. Désormais, ce sont de grandes tentes de toile légère et même une cabane en bois ti baume qui ravissent les campeurs, toujours ravis de s’éveiller au bruit de l’écume. Ecologdes, dômes et bulles transparentes, camping dans des caravanes américaines vintages, les concepts les plus glamours ont également gagné nos latitudes, pour séduire un tout nouveau pan de population, où la beauté du moment au vert ne déroge pas au petit luxe d’installations d’exception.
Texte et Photos : Corinne Daunar