Plongée dans le monde brulant de la métallerie, sous la houlette malicieuse de Jean, notre guide-artisan. Métier de feu, labeur de fer, la métallerie a investi de nombreux champs de l’artisanat et de l’industrie pour lesquels elle fournit, sur mesure et à la demande, pièces, ouvrages et solutions tout en alliages.
Jean, chef d’équipe, porte dans son expérience l’épaisseur du métier et de ses filières, celle d’une expertise au service de tous les corps d’industrie. Passé dans l’aéronautique, la marine et même l’agroalimentaire, il est maître dans son domaine : tourneur-fraiseur. La métallerie, un métier de spécialités Le tourneur-fraiseur façonne l’acier, les alliages, le fer ou le non-ferreux : il recrée, dessine ou remplace toutes les pièces métalliques des systèmes mécaniques, des chaines d’industrie, des bâtiments ou véhicules. Evidemment, le métier est pétri d’exigence, en tant qu’il mobilise rigueur et précision dans l’exploitation d’une matière complexe. L’expertise technique est ici essentielle et le dessin, notamment, prend une part importante du métier : les outils modernes révolutionnent d’ailleurs la pratique et permettent désormais des découpes assistées par ordinateur et des machines-outils performantes.
Côté matière, la métallerie touche à tous les types d’alliages: un bon acier carbone galvanisé, coûteux cependant, permettra de se protéger des contraintes d’un climat rigoureux et de construire parasismique, dans une région à risque. L’inox ou l’aluminium seront parfaits pour les environnements exigeants… L’acier plus commun sera facilement utilisé pour des ouvrages classiques. Les ouvrages et réalisations n’ont de limites que celles du besoin et du maître ferronnier : escaliers, main-courantes ou structures ponctuelles, machineries agricoles, agroalimentaires ou transport…
La métallerie, fer de lance dans le bâti
Plus inattendu, mais pas moins crucial dans ce nouveau domaine, le tourneur-fraiseur intervient volontiers dans le champ des grands volumes et des pièces de structures. Historiquement, le métier s’était développé pour les usines sucrières et les bâtiments publics : l’avènement de la technique intervient avec les premiers bâtiments qui intègrent le béton, à l’instar du château Aubéry. Désormais, les ouvrages deviennent des charpentes, des couvertures, des revêtements ou des bâtiments entiers. Le secteur s’est d’ailleurs largement professionnalisé, avec des constructions métal affinée et adaptée aux enjeux d’efficience et d’intégration environnementale. En Martinique, de grands projets ont permis à cette métallurgie des grands volumes de prendre une place de choix dans le métier.
Un métier plein d’étincelles
Et c’est sans doute dans cette diversification que la ferronnerie trouve son renouveau et suscite les vocations. Jean se fait passeur et transmet sans ménager ses heures ce savoir faire à de jeunes initiés. Soudeurs, tourneurs-fraiseurs, interviennent désormais dès la conception, la réalisation des plans et la mise en oeuvre de techniques de production efficientes. La prudence, la rigueur restent des jalons essentiels : mais c’est aussi sur les normes, les caractéristiques des matériaux et des nouvelles structures et les nouvelles méthodes de travail que la relève devra et pourra s’appuyer. Et dans une Martinique en pleine évolution, de mieux en mieux consciente de son environnement et de ses contraintes, le métier a encore de belles perspectives !
Texte : © Corinne Daunar – Photos : © Coalys