A Pointe à Pitre, se dresse à l’angle de la rue Sadi Carnot croisant la rue Jean Jaurès, une jolie maison en briques de style colonial, dont la structure métallique s’agrémente de colonnes en fonte et de balcons dentelés. On y accède en empruntant un petit escalier en pierres volcaniques.
L’HERMINIER, PÈRE
Félix Louis (1779/1833) nait à Paris le 18 mai. Après avoir étudié la botanique et la chimie, il décide en 1798, de s’embarquer pour la Guadeloupe. Il y rencontre et épouse une créole, Bénédictine Couprié de Léro, apparentée à Mme de Sévigné. Elle lui donne six enfants.
En 1802, nommé Pharmacien en Chef sur l’île de Marie Galante, il expédie en deux ans au Muséum de Paris, des plantes, bouts de lave fossilisée, insectes, oiseaux.Féru de zoologie, d’herpétologie, il sillonne la Caraïbe.
En 1806, il obtient son diplôme de pharmacien militaire devant le Conseil de Santé de la Colonie. En 1809, lors d’un voyage en bateau vers la France, il est fait prisonnier par les Anglais puis envoyé aux Etats Unis, un sauf-conduit lui permet de rentrer en Guadeloupe avec dans ses bagages de nouvelles plantes.
En 1815, la Guadeloupe étant sous le joug Anglais il s’installe sur l’île de St Barthélémy alors Suédoise. En 1819, à son retour en Guadeloupe, il est nommé Naturaliste du Roi.
UN FILS AUX MÊMES PASSIONS
Ferdinand Joseph (1802/1866) nait à Basse Terre. Egalement naturaliste et élève d’Henri-Marie Ducrotay de Blainville, il soutient, en 1826, sa thèse à la faculté de Médecine de Paris. Revenu en Guadeloupe il exerce à l’hôpital Saint Jules.
Il partage avec son père la passion de l’ornithologie, de la botanique, collectant avec lui diverses variétés de fougères. Son courage et son dévouement lors du séisme du 8 février 1843 et durant l’épidémie de choléra de 1865, lui valent en 1866, la Légion d’Honneur. De 1852 à 1857, il est membre du Conseil Municipal de Pointe à Pitre.
LE MUSÉUM
Le 18 juillet 1871, la Maison des Agriculteurs fait construire pour ses réunions, près du Grand Hôtel des Antilles, une maison comprenant un Musée d’Histoire Naturelle des Antilles pour y exposer les collections L’Herminier. La ville de Pointe à Pitre fait aussi ériger dans son cimetière, une stèle qui rend hommage à Ferdinand Joseph. Elle est inaugurée le 11 décembre 1872.
La Maison des Agriculteurs, dévastée lors du cyclone de 1928, reçoit un étage en 1930. Jusqu’en 1960, on y admire de nombreux spécimens dont un gros os de baleine abrité d’une grille, divers fossiles, insectes, rostres de poissons scie et animaux empaillés dont des oiseaux, lézards et un crocodile. Sur les murs, dans des médaillons, reposent des haches Amérindiennes.
Aujourd’hui, le Musée avec les aléas du temps s’est vidé de ses collections, dont le veau à deux têtes qui est exposé de nos jours au Musée St John Perse et «Le Sans Culotte » désormais placée à l’entrée du Musée Schœlcher. Sur d’anciennes cartes postales, en noir et blanc on peut contempler l’intérieur du Musée tel qu’il était autrefois.
Au sommet du volcan de la Soufrière, se trouvent aussi les Piton et Jardin L’Herminier, que Père et Fils ont si souvent arpentés.
Texte & Photos : Angel St Benoit