La rue Barbès, rue de la résistance

par Megane

La rue Barbès, rue de la résistance

Une mélodie au loin nous attire au 24 rue Barbès. C’est l’inauguration de la Maison Victoire, restaurée quasiment à l’identique pour accueillir un hôtel haut de gamme. Ce bel immeuble d’influence art déco, construit en 1931, caractérise l’architecture post-moderne que l’on retrouve le long de cette artère.

En 1884, la rue est rebaptisée Armand Barbès en hommage au Chef du parti Républicain né à Pointe-à-Pitre le 17 septembre 1809. Condamné à la prison à perpétuité, il est libéré par la République en 1848. Il poursuit, jusqu’à sa mort, son combat politique rythmé d’arrestations.

Entre 1650 et 1777, la rue Barbès était une voie navigable d’acheminement des denrées agricoles venant de la plaine des Abymes. Une fois comblée, elle s’appela rue du Canal. 

Elle prend source sur la Place du gouverneur Gourbeyre, lieu d’implantation de l’ancien Palais de justice reconstruit en 1930 par l’architecte des colonies, Ali Tur.

Le Palais de justice va fortement influencer la rue, tant au niveau architectural marquant le début de l’introduction du béton armé en Guadeloupe, que par le foisonnement des hommes de loi qui y résidaient.

À son entrée, à l’angle de la rue de l’Église, la résidence des juges, propriété de M. d’Alexis, située à l’entrée, ouvre la série. Puis, le pavillon entre cours et jardin, d’un ancien avocat, datant du XIXe siècle, nous convie à nous désaltérer à l’ombre des arbres du restaurant « Côté jardin”.

En face, au n°3, Monsieur Alain BILLIOTI de GAGE descend de son balcon pour nous conter ses souvenirs d’enfance. Il se rappelle, qu’avant la transformation, du rez-de-chaussée en magasin familial de vitrerie, des anneaux métalliques fichés dans le mur ainsi qu’un abreuvoir attestaient la présence d’une écurie. 

Au n°6, dans ce petit immeuble R+1 doté d’un bel étage en bois vernis et d’un galetas percé de 2 lucanes, se trouvait un petit hôtel tenu par Monsieur Châtillon. Plus tard, le coiffeur Monsieur Bertin s’installait au rez-de-chaussée. Il interpellait en ces termes les jeunes garçons trop chevelus « Sizo-la Wouyé é tondèz-la ka modé ! » (Les ciseaux sont rouillés et la tondeuse mord) !

Au n°8 qui fait angle avec la rue de Nozières, M. Auguste Campras affectueusement surnommé papa Gus et sa femme maman Yot tenaient un lolo bien achalandé. Devant, Gracieuse vendait des « doucounes » et gâteaux coco, ananas et goyave. 

Une rue très éclectique !

Plusieurs enseignes nous invitent au voyage en Afrique. M. PHILADELPHE, décline avec nostalgie la liste des enseignes et des voisins du salon de coiffure éponyme, qui n’existent malheureusement plus : la librairie de Me Montantin, Me Delvecchio, Nénette la chapelière, la pharmacie DEGRAVE, le sonorisateur, Claude Corbin, l’imprimeur Jackson, les bijoutiers, la librairie le Figaro, M. Yoko le tailleur, d’illustres commerçants de Pointe-à-Pitre, M. Hubert Jasor, M. Berthelot qui avait commandé la première SM Citroën Maserati, objet de toutes les curiosités pour l’époque.

La mercerie chez Tati, elle, a su traverser le temps contrairement à Hermantin. La Guadeloupe entière y converge pour acheter leurs fournitures surtout à la période de carnaval. 

La rue Barbès retrouve donc doucement vie et notoriété. D’autant qu’au n°5, sera implanté un grand magasin d’articles de mariage. C’est une emprise profonde et singulière de par son deuxième accès, à la rue Lamartine.

De la portion, rue Schoelcher jusqu’au quai Lefèvre, nous rentrons dans une aire d’éducation scolaire. À commencer par l’école primaire Amédée Fengarol du nom du défenseur des droits à la Sécurité sociale. Elu tête de liste aux municipales de Pointe-à-Pitre, il décède le jour même en 1951. Il était le grand-père du Maire actuel. L’établissement présente à la rue, la clôture de sa cour arrière, surmontée de claustras, des empreintes de l’architecture de Gérard Michel Corbin. À côté le collège Sadi Carnot accolé au lycée Carnot occupe un îlot entier.

Les rares venelles, l’impasse Brissot de Varville et la rue Gosset, encore présentes dans cette trame, résistent à la pression urbaine à l’instar des deux seules cases de la rue engloutie par les immeubles.

Texte : Rosy JALCE-BAMBUCK

Responsable Service du Patrimoine de la ville de Pointe-à-Pitre

Photos : Archives départementales de Guadeloupe – Simax Communication

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