Phum Baitang – qui veut dire « village » en Khmer – est situé à l’écart de la ville de Siem Reap, dans une zone peu urbanisée. C’est un hôtel de 40 suites, dont le site de 7 hectares présentait un terrain avec peu de végétation et assez plat.
Le premier travail de l’agence d’architecture et d’intérieur AW2, a été de créer une topographie permettant à la fois de dégager les grandes lignes d’aménagement du site et de traiter le problème des eaux pluviales.
L’agence a choisi de réaliser un champ de rizière, légèrement en creux, afin de récupérer les eaux de pluies. Autour de ces rizières ont été aménagés les différents bâtiments en « clusters » volontairement denses tout en maintenant de vastes zones de végétation. Cela permettait de réduire les zones construites et de renforcer la sensation d’espaces privés. Ainsi le site devient un jeu de paysages tout en contraste, desquels émergent les toitures des bâtiments.
L’architecture y est discrète, le travail de paysage étant au cœur du projet : donner un sens au lieu, et traiter la totalité du site comme un seul élément d’architecture, plutôt qu’une juxtaposition de bâtiments. Cela a aussi défini les choix architecturaux, les matériaux sourcés localement, la continuité intérieur/extérieur, le traitement des terrasses et jardins, le tracé des chemins, l’organisation des vues… tout devient architecture.
Les bâtiments sont conçus très simplement, en bois, en bambou, en référence aux maisons paysannes, avec leurs volumes simples sur pilotis et leurs terrasses accolées. Les espaces sont sobres, vastes et toujours ouverts vers les jardins. Les rythmes donnés par les parements en bois, les écrans de bambou, les enduits naturels, le lin… sont volontairement minimalistes, sans décor.
Ici est décliné un langage architectural empreint du local, tout en travaillant sur le contact avec la nature. La baie vitrée de la chambre est un pan de mur entier qui s’escamote pour ouvrir la pièce. La salle de bain est aussi très largement vitrée pour y faire entrer la nature au travers d’un écran ajouré de bambou et paille.
L’attention au détail est totale et les références à la culture Khmer n’y est jamais pressante, mais toujours présente. Voici un hôtel où le luxe réside davantage dans l’immersion culturelle locale, que dans l’apparat.
Texte : Jessica Lebrat
Photos : © AW2