L’histoire de l’aéroport de cette petite île très prisée de la Jet Set ainsi que celle de son développement touristique, sont intimement liées à Rémy de Haenen, plus connu localement sous le nom de « Capitaine Rémy ».
Un pilote téméraire et chevronné
Après un passage dans la marine marchande, il prend des cours de pilotage à Miami et Porto-Rico et passe sa licence de pilote professionnel en Martinique. « Cucaracha », son premier avion est un monoplan biplace Rearwin Sportster.
Atterrissage à Saint-Jean
En février 1945, il est le premier à atterrir dans la grande savane après avoir survolé la montagne et le capricieux Col de la Tourmente, plongé sur un terrain caillouteux où broutent quelques cabris. L’endroit, prolongé par le sable blanc de la plage de Saint-Jean verra naitre l’aéroport Gustav III, inauguré en novembre 1984 et sa piste en béton, longue de 650 mètres.
Tintamarre
Il fonde en 1946, la Compagnie Aérienne Antillaise qu’il base à Tintamarre, un îlot loué à la mairie de Saint-Martin. Avec un associé Portoricain il achète de vieux avions à la Compagnie Aérienne Portoricaine Caribair: deux monomoteurs, un trimoteur et un hydravion Sikorsky de 1930. L’objectif est de desservir les îles alentour en avion-taxi et fret Tintamarre abrite un lagon et un terrain plat de 500 mètres, ainsi que les anciens bâtiments d’une plantation de coton, dans lesquels on installe atelier et bureaux. Les employés et les pilotes logent dans des baraques en bois et la nuit, une lanterne en bout de piste sert de balise. Les navettes s’envolent vers Porto-Rico, la Dominique, la Guadeloupe, Sainte-Lucie, Anguilla, la Martinique, Saint-Barth. Des accidents successifs et mortels en 1947, mettent fin à la compagnie. Le 1 er septembre 1950, un cyclone ravage Tintamarre, désormais réserve naturelle.
Atterrissage à Saba
Sur cette petite île où seuls trois types d’avions atterrissent de nos jours, il se pose à Flat Point le 9 février 1959, après que les habitants lui aient aménagé une piste de fortune, bordée d’un côté par la montagne et de l’autre par les falaises et l’océan.
Et à St-Eustache
Pour s’y poser, il demande aux habitants, de lui défricher un terrain de 264 mètres et va jusqu’à récupérer à l’aide d’un crochet et en rase-motte, des sacs postaux suspendus à un câble encadré de poteaux! Rémy de Haenen, aventurier, pionnier de l’aviation aux Antilles est aussi maire de l’île de 1962 à 1977, Conseiller Général durant 21 ans, hôtelier du célèbre Eden Rock, acheté une bouchée de pain en 1953, où passeront de nombreuses célébrités du cinéma, du monde des affaires, des sciences dont le commandant Cousteau. L’atterrissage à St Barth où les vents peuvent être tourbillonnants est toujours réputé très dangereux. Une formation spéciale est nécessaire aux pilotes des petits avions qui s’y posent ou en décollent. Le 26 juin 2015, le Conseil Territorial ajoute à l’aéroport de St Barthélémy le nom de Rémy de Haenen, en hommage à ce pilote visionnaire et aventurier.
Texte et photos : Angel St Benoit