LE MARIAGE ANTILLAIS, UNE HISTOIRE CULTURELLE

par Maisons Créoles

Central dans la vie moderne martiniquaise, fondation républicaine, religieuse et culturelle, le mariage constitue aujourd’hui, pour de nombreux foyers, un aboutissement. Il est aussi l’héritage d’une relation tumultueuse à l’institution : d’acceptation en rejet, de désintérêt en symbole social, retour sur une histoire intime, devenue flambeau des traditions.

Une histoire sociale

Le mariage, marqueur sociétal fondamental a nourri, en Martinique, de nombreuses réflexions. Il est le vecteur qui permet les rencontres de réalités et porte des transfuges de classe. Il a longtemps aussi questionné le rapport à l’autre, aux groupes de valeurs différents. À mesure de l’histoire de l’île, où les strates sociales s’enrichissent à mesure, les dynamiques d’union évoluent, se complexifient. Les enjeux de situation, d’origine, de couleur, de condition ou de culture régissent les relations à travers les siècles.

En pratique, le concubinage propose la réaction populaire spontanée aux cadres d’une société rigoriste : largement répandu, tant chez les esclaves, que les affranchis, libres et les maîtres ou milieux aisées, il semble mieux répondre aux contraintes et fonctionnements des nombreuses communautés que le contrat conjugal formel. Longtemps transposé, dans son utilité moralisatrice, sans la finesse de lecture des strates martiniquaises fortes, le mariage peine à s’affirmer, tandis que les autorités déplorent sa faible prise sur l’organisation et l’éthique du corps social antillaise. Au détour des années 1950, une crise de l’institution est diagnostiquée par les sciences sociales et les statistiques de l’État. Dans les milieux populaires par exemple, il devait d’abord être le symbole des classes aisées, et la célébration être le marqueur d’une élévation de rang.

Le gardien du temps

Le mariage antillais se construit dans cette histoire complexe, d’un rapport à la famille et à l’engagement marqué par ces quelques siècles de cadre sociétal imposé et tabou. Au début du XIXe, l’institution, qui se conforte toutefois, voit surgir des codes culturels teintés de la rigueur de nos aïeux. L’on s’unit à l’église, après publications des bans consacrés. Les coutumes s’installent, les obligations également : à chacun, autour du foyer naissant, de trouver sa place, entre constitution de la dot, paiement de la robe préparation du trousseau.

En plusieurs poignées de décennies, il se nourrit aussi de l’éclectisme de la société martiniquaise moderne, de la diffusion des pratiques et de l’ouverture aux influences du monde. Il en subsiste une ribambelle de croyances, de superstitions et d’habitudes pour habiter le moment. Naturellement, les jeunes mariés sont au coeur de ces rites culturels : pour la future épouse, la robe créole traditionnelle arbore de la broderie anglaise fine : les bas, les gants et le voile, s’il est porté, sont blancs. Les poches du costume du marié elles, ne sont jamais cousues, pour la bonne fortune. Pour assurer la joie de la famille, chaque promis emprunte aux parents un objet ou vêtement ancien qu’il conserve précieusement avec lui pendant la cérémonie. Autour d’eux se compose un cortège bigarré, où se mêlent les robes douillettes et les coupes anglaises, pour magnifier l’instant et célébrer l’élégance antillaise.

Une attention toute particulière à la cuisine

Et puis, il y a la réception, l’incontournable voyage en gastronomie créole : savamment concocté par les petites mains de la famille ou orchestré par un traiteur émérite, le buffet immense dressé à l’occasion ne manque pas de ravir les gourmands et puristes. Deux clés conditionnent la réussite de l’entreprise : le pâté en pot, évidemment, et le chocolat première communion. Entre les deux, une abondance de plats froids ou chauds aux accents de cuisine franche et antillaise, de champagne, de rhum et de liqueurs. Le gâteau doit constituer l’aboutissement en grande pompe du gargantuesque repas préparé : avec son glaçage immaculé, il envahit les garde-mangers de tous les invités, emporté et consommé pendant plusieurs jours après les festivités.

Texte et photos : © Corinne Daunar

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