Le plus ancien occupant des Antilles venu d’Amazonie, est le pacifique peuple Arawak dont font partie les Taïnos, qui s’affronte à la fin du XVème siècle avec les Caraïbes ou Kalinagos, venus du Nord du Venezuela.
Les Caraïbes
Vivant dans des huttes dont la plus grande abrite le chef (Cacique), ils dorment dans des hamacs. Leur chaman qui est aussi médecin et prêtre est le lien avec le monde des Esprits. Les hommes aux longs cheveux noirs ornés de plumes, ont des massues (boutou) en bois sculpté, des arcs et des flèches. Vivant nus, hormis des cache-sexes (Kalimbé), leurs lèvres et leurs oreilles arborent bijoux et coquillages. Ils portent des peintures corporelles faites avec le jus noir du genipa Americana, et s’enduisent la peau avec un mélange d’huile de Roucou, (sensé repousser les mauvais esprits) et de Carapa ou Andiroba, grand arbre au bois ressemblant à l’acajou odorant. Cela les protège de la pluie, de la fraicheur, des piqûres d’insectes. Les femmes ont des pagnes en coton, les grands-mères sont nommées Bibi et les grands-pères : Baba. Ce peuple qui vit d’agriculture, de chasse et de pêche est chassé par les arrivées successives des Espagnols, des colons Français… Lors de la colonisation et l’évangélisation, on les emmène à Marie-Galante se faire baptiser.
Traité entériné avec les chefs
Signé en 1660 avec Charles Houël au Fort Saint-Charles à Basse-Terre, ils reçoivent 2000 hectares de terres au Nord-Est de la Grande-Terre. En 1730, vers Anse-Bertrand on recense « 76 sauvages, sauvagesses et leurs enfants ». En 1822, une quinzaine de Caraïbes suite à leur revendication, reçoit 200 hectares, au Nord de l’Habitation Pistolet, à l’Ouest de la Pointe de la Grande-Vigie.
Ce lieu est sauvage, bordé de falaises et son lagon ceinturé par la barrière de corail fait face à un rivage couvert de galets. En 1825, huit familles vivent à l’Anse du Petit-Portland et en 1855, un journal évoque « les derniers sauvages » du Fond Caraïbe à Anse-Bertrand et à la Pointe-des-Châteaux. En 1884, le cadastre délimite leur territoire.
L’Exil
Beaucoup rejoignent les Caraïbes de l’île de Saint- Vincent (Yurumein en langage Caraïbe) et de la Dominique (Wai tukubuli : Grand et rugueux est son corps). En 1635, des navires négriers coulent aux abords de Saint-Vincent. Les Caraïbes recueillent les rescapés, comme ils accueilleront les Marrons, esclaves en fuite des plantations. Il s’ensuit un métissage de Caraïbes noirs : les Garifunas (traduction mangeurs de manioc). 2248 d’entre eux sont déportés le 11 avril 1797, par les britanniques depuis Saint-Vincent, vers l‘île de Roatàn au Honduras.
La Dominique
En 1903, la Couronne britannique concède aux Caraïbes, 1497 hectares sur la côte Nord-Est. Près de 3000 personnes y vivent aujourd’hui avec à leur tête un chef élu (Charles Williams en 2017). En 2005, sous l’impulsion de Frederick Joseph Faustulus, chef du village en 1975, ils ouvrent le Kalinago Barana Autê : village Kalinago en bord de mer, pour préserver leur héritage culturel. Les Caraïbes ont introduit aux Antilles l’agriculture sur brûlis, le manioc, la fabrication des cassaves, le travail de la calebasse et de la vannerie au travers de paniers décorés de motifs traditionnels en feuilles d’arouman, la pirogue creusée dans des troncs de gommiers, les filets de pêche et nasses, le hamac, les hottes (Katoli) en roseau tressé portées par les femmes… et une pharmacopée à base de plantes médicinales. Ils vivent en osmose avec la nature car la terre nourricière est leur mère. Plusieurs mots Taïnos sont restés dans notre vocabulaire : tabac/tabaco, barbecue/ barbacoa, ouragan/Huracan, goyave/Guayaba, patate/ patata, ajoupa (paillotte traditionnelle), hamac, caïmans (crocodiles), cassaves…
(Texte et photos Angel St-Benoit)