En 1664, Charles Houël donne les terres à Pierre Millet, installé entre 1664 et 1671 à la Montagne Saint-Charles. Marie-Anne de Bragelogne, sa veuve en 1ere noces en hérite et la revend 40 000 livres le 28 mai 1768, au Conseiller Jean-Jacques Carra de La Villarde, qui donne alors son nom à la propriété. Celle-ci reviendra à son neveu Guillaume Hercule Duquéruy. Royaliste et devant s’exiler à la Martinique à la Révolution il emporte une partie de son argenterie et ses bijoux pour les revendre en Angleterre. Il cède l’Hermitage le 18 décembre 1812 à Pierre Texier de Lavalade, puis la propriété revient au fils de celui-ci le 2 août 1819. Jean Baptiste Numa Collin de la Roncière, négociant à Pointe-à-Pitre en 1863, l’achète pour 45000 francs le 1er juin 1896. C’est alors une Habitation caféière de 102 hectares dont héritera sa fille Laurence, future épouse d’un Capitaine au long cours, arrivé en Guadeloupe suite aux avaries de son navire…
Leopoldo Petrelluzzi
Au début du XIX è, ce fils d’un armateur de Meta non loin de Naples, âgé d’une trentaine d’années est capitaine sur les navires familiaux qui chargent du souffre depuis la Sicile vers les Etats-Unis, d’où ils affrètent du blé dans les ports du Texas. Ils font aussi escale dans la Caraïbe pour remplir leurs cales de sucre, café, rhum et épices. Le 14 Février 1896, son brick le «Leopoldo » tombe en panne dans nos eaux où il doit rester le temps d’être remis à flots. L’équipage est renvoyé vers l’Italie sur divers navires. Durant ce séjour, le capitaine rencontre Augustine Marie Laurence Collin de la Roncière. Ils se marient et auront huit enfants. Leopoldo achète l’Ilet Feuille en 1898, (rebaptisé Ilet Petrelluzzi) près de l’Ilet de la Roncière. A l’Hermitage, où l’on élève du bétail, on produit des bananes et du café jusqu’en 1940.
L’Habitation
Sa façade principale fait face à une majestueuse allée de palmiers royaux. A l’arrière, la vue est imprenable sur le Canal des Saintes. Entourée de jardins, d’allées pavées et de dépendances elle est agrandie entre 1835 et 1837. Construite de plain-pied en pierres maçonnées, elle est surmontée d’un galetas (qui servait autrefois de réserve) et s’entoure d’une galerie. Ses portes fenêtres à persiennes s’encadrent de volets. A l’écart, se trouvent: office, cuisine, buanderie, bureau. La propriété est alimentée en eau grâce à la source Marthe par le biais d’un canal. L’eau s’écoule dans un bassin octogonal à l’abri d’un carbet. Doté d’un escalier et équipé d’un ingénieux système de vanne, ce bassin a connu Antan Lontan de joyeuses baignades familiales.
Ferdinand Petrelluzzi 1897/1967
En 1940, le fils ainé de Leopoldo, qui représente les Transports Maritimes à Vapeur, fait ériger sur les lieux une statue du Christ Rédempteur à l’emplacement d’un manguier. Les chantiers Ghisoni et Zanella sont chargés de son installation. Bras ouverts, accueillant les visiteurs, elle repose sur un piédestal tripode, l’ensemble s’élève à 6 mètres. Sa commande fait suite au voeu formulé par Ferdinand « que soient remboursées après-guerre les avances salariales maintenues envers son personnel lors du conflit ». Dans la Basilique Santa Maria del Lauro à Meta di Sorrento, se trouve l’Ex-Voto du trois-mâts « Leopoldo » pris dans la tempête. Il a été offert par le capitaine Leopoldo Petrelluzzi, qui avait affronté un ouragan le 30 septembre 1891 lors d’une traversée Marseille/New-York et s’en était sorti avec son navire.
L’Habitation principale, le réseau hydraulique de la source et le bassin ont été classés aux Monuments Historiques le 19 mai 2006. L’Hermitage, propriété privée, est restée au sein de la famille Petrelluzzi à laquelle nous adressons nos remerciements.